Jean-Paul Hermant Architectes

La Patinoire Royale

Restauration, transformation et extension d'une ancienne patinoire en lieu d'exposition
ConstructionRénovation basse énergie
ProgrammeRestauration, transformation et extension d'un bâtiment en espace d'exposition
PhaseProjet réalisé 2015
Maître d'ouvragePrivé
ISMatriche sprl
TSEnesta sprl
Surface2200m²
DistinctionsLauréat du concours Horta 2016

Ce bâtiment date de 1877. Conçu pour abriter une salle de patinage à roulettes – le Royal Skating – il a connu au fil des ans des affectations en cascade : garage (Bugatti en 1900), dépôt pour la Fabrique nationale d’armes de guerre (1905), lieu d’exposition pour des voitures de collection (1975).

Le bâtiment a rouvert ses portes en avril 2015. Sa vocation : accueillir l’art moderne et contemporain. Avec ses 3000m2 cumulés, La Patinoire Royale est aujourd’hui l’un des espaces d’exposition privés parmi les plus spacieux d’Europe. Il s’attache essentiellement aux grandes étapes de la création artistique européenne de la seconde partie du 20ème siècle dans le domaine des arts plastiques et du design.

_ Projet

Les façades et les charpentes du bâtiment sont classées. La démarche a consisté à mettre ces éléments classés en valeur tout en les intégrant aux nouvelles interventions, dans un dialogue permanent entre ancien et contemporain. C’est ainsi qu’a été imaginé la porte et le sas d’entrée, l’espace d’accueil, la nouvelle circulation verticale (le grand escalier central qui lie les trois niveaux d’exposition), les espaces d’exposition secondaires, l’espace « bureaux » du 2ème étage, l’espace « cour et jardin » et, dans sa prolongation, le restaurant qui doit encore être réalisé.

 

L’entrée (rue Veydt).
L’espace « entrée » a été modifié en imaginant une adéquation entre le classicisme de la façade principale, les nécessités techniques du sas d’entrée (énergie et aménagement de sortie de secours), le rétablissement de l’escalier d’accès monumental (supprimé lors de la transformation en garage) et l’intégration du volume du nouvel ascenseur par le placement du mur latéral de l’entrée en biais en plan.

 

La grande halle et l’escalier central : une circulation verticale

La Patinoire royale comporte trois niveaux d’exposition : au sous-sol, au rez-de-chaussée et le 1er étage.

La grande halle au rez-de-chaussée constitue l’espace principal (sa charpente, classée, a été gardée en l’état). Pour intégrer au mieux l’estrade existante au sol de la grande halle un emmarchement a été construit sur toute la largeur de la pièce.
Pour relier cette halle aux espaces secondaires du sous-sol et du 1er étage, une circulation verticale a été conçue de manière centrale, à partir d’un cube posé dans la halle. A l’intérieur de ce cube, en creux, deux escaliers s’articulent, l’un droit et l’autre tournant, tous deux se rétrécissant dans le sens de la montée comme l’escalier principal d’accès. Ce cube est le pivot, le centre du parcours scénographique des expositions.

 

Pourquoi ce choix des escaliers fermés ? Quand on gravit un escalier ouvert, la perception de l’environnement se modifie progressivement, de marche en marche. Ici, avec cette conception fermée, la perception est différente : le visiteur monte d’abord dans un espace clos, puis, au sommet, il s’immerge d’un coup dans une toute autre perspective qui embrasse l’ensemble des espaces d’exposition.

Une passerelle très fine (grâce au choix de garde-corps en verre et teinte identique aux murs adjacents) relie le volume de l’escalier à l’étage.

 

La galerie Valérie Bach

La 2ème halle – située à l’arrière de la halle principale – s’ouvre sur la rue Faider. Elle abrite depuis 2012 les expositions temporaires de la galerie d’art Valérie Bach. Nous y avons réalisé un sas qui sert de sortie de secours, en respectant le style de la façade du bâtiment et de sa verrière, toutes deux classées.

A cet ensemble, le propriétaire a joint un terrain mitoyen contenant un jardin terrasse et un restaurant donnant sur une 3ème voirie, la chaussée de Charleroi. Quand ce restaurant sera transformé et, rouvert, il s’intégrera au reste du projet.

 

Une rénovation basse énergie

La partie droite du bâtiment principal (rue Veydt) comporte 5 niveaux. Ils accueillent tous les espaces réservés au fonctionnement de La Patinoire : accès principal, sas, accueil, librairie, ascenseur, escaliers de communication secondaires, locaux techniques, sanitaires et les deux espaces d’exposition du 1er étage. L’ensemble a été entièrement rénové en basse énergie. Au dernier niveau, l’extension qui abrite les bureaux a été nouvellement construite en ossature bois, en matériaux écologiques et traitée aux normes passives.

 

Le dôme, signal au bout de la rue Blanche

Le dôme de La Patinoire n’avait apparemment pas existé que sur les plans (entre autres sur les originaux de l’architecte Gérard Maréchal). Nous l’avons construit en nous conformant à ses plans, en collaboration étroite avec les services des Monuments et Sites. Ce dôme couronnait visiblement, dans l’axe de la rue Blanche, la partie droite de l’édifice. Dans l’autre sens, la réalisation de la fenêtre du bureau sous le dôme ouvre une vue vers l’avenue Louise par-dessus la canopée des arbres de la rue Blanche.
L’ossature est en bois, réalisée aux normes passives avec des matériaux écologiques. Le revêtement est réalisé en losanges de zinc, leur forme se rétrécit à chaque rangée au fur et à mesure qu’on se dirige vers le sommet.
Une échelle courbe – elle suit la forme du dôme – permet le lever ou le baisser du drapeau posé en sommet, comme le prévoyait le dessin original.

 

Intégrer les détails

L’intégration des détails architecturaux contemporains dans ce bâtiment ancien et largement classé est déterminante à la qualité générale obtenue : dessins des sols, grands châssis vitrés à sections minimales, escaliers en béton ou en bois, mains courantes intégrées rétroéclairées, mobiliers sur mesure, intégration des luminaires, des boutons de commande, des bouches de ventilation et des appareils liés au système d’alarme et d’incendie.
Une grande partie de ce travail a été réalisée en collaboration avec l’équipe de l’architecte d’intérieur Pierre Yovanovitch.